Rythme musical folklorique typique de la ville marocaine de Marrakech, la dakka marrakchia consiste en un art musical alliant incantation religieuse et transe africaine, lui prodiguant ainsi un caractère mystique. Autrefois au cœur du festival d’Achoura, ce rythme musical anime désormais les fêtes familiales, les mariages, les baptêmes et bien d’autres festivités encore. À découvrir dans cet article : l’essentiel sur la dakka marrakchia.

Qu’est ce qu’un dakka marrakchia ?

Comme son nom l’indique, la Dakka Marrakchia est un genre musical typique de la ville impériale de Marrakech (vous pouvez trouver un dakka marrakchia ici). C’est une tradition musicale qui puise ses origines à Taroudant tandis que certaines sources attribuent les textes originaux de la dakka aux tanneurs. Parait-il que pour oublier les tâches harassantes du tannage, les travailleurs se mettent à chanter et essaient de rendre agréable leurs dures journées en utilisant la musique.
D’ailleurs, le mot dakka, pouvant être orthographié de plusieurs façons telles que dekka, daqqa ou deqqa, est tiré de l’arabe et signifie « frappe rythmée des mains ». Il désigne également l’action de frapper dans un instrument de musique à percussion, comme les tambourins. Mais la dakka est également caractérisée par les sons produits avec des instruments typiques comme le n’far ou trompette du ramadan, les crotales ou cymbales ainsi que des tambourins. À cela s’ajoutent les incantations rythmées, chantées par les hommes. Elle est souvent décrite comme un genre musical basé sur des percussions polyrythmiques et des chants choraux.

Héritage culturel du sud du Maroc, qui remonte au temps de la dynastie Saadienne, cette musique, exécutée traditionnellement par un groupe constitué exclusivement d’hommes, a un caractère sacré.

A quoi sert la dakka marrakchia ?

Dans la pure tradition du sud du Maroc la dakka à une connotation religieuse, elle présente également tous les traits qui en font un chant mystique :

  • elle est au centre de la célébration de l’Achoura, fête religieuse par excellence, ayant lieu le dixième jour après le nouvel an musulman
  • son chant al-3ait s’apparente au dikr, des incantations liturgiques pratiquées par le soufi dans le soufisme
  • le chanteur (le dqaiqi) est en extase (hal) lorsqu’il joue le rythme dit affousse
  • les chanteurs (dqaiqias) se positionnant en demi-cercle accompagnent les chants de mouvements scandés du corps et des membres

De nos jours elle est chantée pour l’animation de plusieurs événements joyeux où il y a de la place pour les fêtes et les jouissances.
Ainsi, on fait appel à un groupe de dakka marrakchia pour escorter les futurs mariés jusqu’à la mairie, ou encore pour animer les soirées de la cérémonie de mariage.
On fait également appel à un groupe de dakka marrakchia pour les baptêmes, les fiançailles, et même les fêtes d’anniversaire, afin d’apporter une touche orientale aux événements festifs.

Les membres du groupe

Bien qu’un groupe de dakka marrakchia puisse compter jusqu’à une dizaine de membres, la formation de base devrait compter au moins cinq hommes. En effet, chaque membre devrait jouer d’un instrument.

Le trairi ou porteur de tara

Le porteur de tara que l’on appelle aussi el-3azwa, l’Amine ou le M’kaddam a pour rôle de diriger l’al-gour. Il organise le jeu du début jusqu’à la fin. C’est le trairi qui donne le « la» pour le changement de rythme, puisqu’il y a plusieurs rythmes dans le jeu de dakka. C’est sur lui que repose la réussite de la dakka.

Le k’raksi ou le crotaliste

Le rôle du crotaliste est également important dans la dakka. Grâce aux coups successifs des crotales, les chanteurs savent comment rythmer le chant, notamment dans le cas où il faudrait passer à la phase où le chant est psalmodié en deux phases, entre deux groupes qui se répondent (le premier en locuteur et le second en interlocuteur).

Le 3arrai sans ta3rija

Le rôle du 3arraj privé de la ta3’rija, est de « souffler » le vers à réciter à son groupe. Il n’est pas rare que durant une représentation, plusieurs 3arrajas effectuent des va-et-vient entre les camps des chanteurs, pour s’assurer du bon déroulement du jeu.

Les t’3rijas ou les tam-tamistes

Les t’3arijas sont en quelque sorte les piliers du spectacle de dakka marrakchia. Ils sont en effet sensés créer une harmonie entre les rythmes et les timbres des voix des chanteurs. Ils doivent être capables d’adapter leur façon de jouer pour répondre au rythme voulu.

Le n’fari

Le n’fari est celui qui joue du n’far, longue trompette connue sous le nom de « trompette du ramadan ». Il n’entre en jeu que si le groupe joue un rythme « affousse ».

Les instruments utilisés

Traditionnellement, les instruments utilisés pour jouer de la dakka marrakchia sont classifiés en trois groupes : la ta3rija, la tara et les krak’chs. Mais d’autres instruments ont été introduits au fil des années : c’est le cas du n’far.

  • la ta3rija ou agouals ou 3iyaka : ils font partie des instruments de base de la dakka marrakchia
  • le T-tara qui consiste en un instrument à percussion de la famille des tambourins. le T-tara, pouvant atteindre 60 cm de diamètre, se tient verticalement et se joue sur le coté gauche, entre l’épaule et la tête
  • les k’rak’chs sont de la famille des cymbales ou des crotales, cet instrument originaire du Soudan, produit un son métallique et aigu
  • le n’far, la fameuse longue trompette, originaire d’Andalousie a été introduite au Maroc entre 1351 et 1352, du temps du sultan Mérinide Abu-3inane

Les rythmes

La particularité de la dakka marrakchia réside dans la cohabitation de trois influences : arabe, berbère et africaine. Et comme à chaque influence correspond un rythme déterminé, on y distingue trois rythmes musicaux.

Le rythme lent

Il s’agit d’une sonorité obtenue avec les instruments de musique de percussion et de la récitation du chant al-3ait, mené par l’3arraj. Cette phase qui débute le spectacle est également la plus longue.

Le rythme rapide

On distingue deux rythmes rapides qui sont l’afousa (ou affousse) et le g’naoui.
Le rythme affousse est caractérisé par l’introduction du T-tara. Il est plus entraînant et incitent les dqaiqias ainsi que l’assistance à la danse. Le rythme g’naoui est introduit par les dqaiqias de Marrakech, s’inspirant du genre folklorique g’nawa : le n’far entre en jeu au moment où les instruments à percussion et les voix se font discrètes.

La danse

Au cours des rythmes rapides scandés, les dqaiqias esquissent des pas de danse.
Pour apporter une touche orientale à vos fêtes, n’hésitez pas à faire appel à un groupe de dakka marrakchia. Superbes et exotiques dans leurs djellabas colorés, les dqaiqias apporteront de l’animation dans vos soirées orientales.

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